Comme promis, une nouvelle anecdote.
Elle date d'une dizaine d'années. On est mi-août. Gave d'Ossau, entre Arudy et Oloron, dans un secteur isolé loin de la route. Il fait chaud, le niveau d'eau est assez bas, on est en plein après-midi.
La gave traverse une épaisse forêt et s'écoule au milieu de gros blocs dans une alternance de pools et de radiers.
Je pêche au vairon, sur du 14/100 et des montures très légères, comme toujours en cette saison.
La première heure se passe sans que j'aperçoive la moindre nageoire. Mais ce n'est pas très grave, je suis bien, tout est calme, je suis seul, tranquille dans une fraîcheur relative. La nature est à moi, ou plutôt l'inverse?
Je suis en bordure d'un pool magnifique, assez large et profond, qui se termine par un goulet étroit ou le courant s'accélère. Je suis en train de changer mon vairon quand juste à l'entrée du goulet une truite énorme, toute noire, fait un bond au dessus de l'eau. Je reste scotché. Je ne saurais dire combien elle faisait évidemment, et j'ai toujours en moi cette sensation d'avoir rêvé ou d'avoir été victime d'une hallucination. Était-ce possible? Bien évidemment je suis resté un bon 1/4 d'heure à pilonner le poste avec mon vairon sans le moindre succès.
J'abandonne à regret et je décide de descendre sur le radier juste en aval. 1er lancé, à peine posé une touche énorme, le moulinet qui chante et le poisson qui pique plein aval. Je ne suis pas fier avec mon 14/100. Vous avez vu le film "et au milieu coule une rivière"? Et bien pareil, je cavale derrière le poisson. A la différence du film, le niveau de l'eau n'est pas aussi haut, et je n'ai pas à nager. Mais je vous assure que par moment je cours presque, en trébuchant sur les galets.
Après quelques minutes, nous arrivons dans le pool suivant. Le courant est moins rapide. Je récupère pas mal de fil. Le poisson semble se fatiguer un peu. Je finis pas le voir passer pas trop loin. Je vois une masse argentée la ou je m'attendais à voir mon poisson tout noir de tout à l'heure.
La trêve est de courte durée, ma truite repart plein pot vers l'aval, et moi je cavale. Mais c'est moins virulent quand même.
Enfin, après de longues minutes, la belle est tout proche, couchée sur le flan. Je l'amène doucement sur la plage de galets.
La truite est à moi. Elle s'est rendue. Sauf que...ce n'est pas une truite mais un saumon! Je n'en crois pas mes yeux. 75 cm, plutôt longiligne. C'est une femelle, elle perd ses œufs.
J'ai longuement essayé de la ranimer, mais sans succès. Mes sentiments sont partagés. Heureux du coup de ligne et des sensations inoubliables (quelle puissance), mais en même temps il aura lutté jusqu'à la mort et j'aurais préféré pouvoir le relâcher. C'est si rare, et si merveilleux ces poissons qui ont parcourus des milliers de km pour retrouver leur rivière natale. Celui la aura échappé à toutes les embuches pour échouer sur mon vairon à quelques encablures de son but.
Et des questions. Si j'avais eu un fil plus gros, j'aurais pu abréger le combat, et peut-être l'aurais-je relâché vivant.
C'est à ce jour mon seul et unique saumon.
Elle date d'une dizaine d'années. On est mi-août. Gave d'Ossau, entre Arudy et Oloron, dans un secteur isolé loin de la route. Il fait chaud, le niveau d'eau est assez bas, on est en plein après-midi.
La gave traverse une épaisse forêt et s'écoule au milieu de gros blocs dans une alternance de pools et de radiers.
Je pêche au vairon, sur du 14/100 et des montures très légères, comme toujours en cette saison.
La première heure se passe sans que j'aperçoive la moindre nageoire. Mais ce n'est pas très grave, je suis bien, tout est calme, je suis seul, tranquille dans une fraîcheur relative. La nature est à moi, ou plutôt l'inverse?
Je suis en bordure d'un pool magnifique, assez large et profond, qui se termine par un goulet étroit ou le courant s'accélère. Je suis en train de changer mon vairon quand juste à l'entrée du goulet une truite énorme, toute noire, fait un bond au dessus de l'eau. Je reste scotché. Je ne saurais dire combien elle faisait évidemment, et j'ai toujours en moi cette sensation d'avoir rêvé ou d'avoir été victime d'une hallucination. Était-ce possible? Bien évidemment je suis resté un bon 1/4 d'heure à pilonner le poste avec mon vairon sans le moindre succès.
J'abandonne à regret et je décide de descendre sur le radier juste en aval. 1er lancé, à peine posé une touche énorme, le moulinet qui chante et le poisson qui pique plein aval. Je ne suis pas fier avec mon 14/100. Vous avez vu le film "et au milieu coule une rivière"? Et bien pareil, je cavale derrière le poisson. A la différence du film, le niveau de l'eau n'est pas aussi haut, et je n'ai pas à nager. Mais je vous assure que par moment je cours presque, en trébuchant sur les galets.
Après quelques minutes, nous arrivons dans le pool suivant. Le courant est moins rapide. Je récupère pas mal de fil. Le poisson semble se fatiguer un peu. Je finis pas le voir passer pas trop loin. Je vois une masse argentée la ou je m'attendais à voir mon poisson tout noir de tout à l'heure.
La trêve est de courte durée, ma truite repart plein pot vers l'aval, et moi je cavale. Mais c'est moins virulent quand même.
Enfin, après de longues minutes, la belle est tout proche, couchée sur le flan. Je l'amène doucement sur la plage de galets.
La truite est à moi. Elle s'est rendue. Sauf que...ce n'est pas une truite mais un saumon! Je n'en crois pas mes yeux. 75 cm, plutôt longiligne. C'est une femelle, elle perd ses œufs.
J'ai longuement essayé de la ranimer, mais sans succès. Mes sentiments sont partagés. Heureux du coup de ligne et des sensations inoubliables (quelle puissance), mais en même temps il aura lutté jusqu'à la mort et j'aurais préféré pouvoir le relâcher. C'est si rare, et si merveilleux ces poissons qui ont parcourus des milliers de km pour retrouver leur rivière natale. Celui la aura échappé à toutes les embuches pour échouer sur mon vairon à quelques encablures de son but.
Et des questions. Si j'avais eu un fil plus gros, j'aurais pu abréger le combat, et peut-être l'aurais-je relâché vivant.
C'est à ce jour mon seul et unique saumon.